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Ancteville +

L’EGLISE DE ANCTEVILLE

 

L’église d’Ancteville est placée sous l’invocation de « la chaire de saint Pierre ». Elle dépendait de l’archidiaconé et du doyenné de la chrétienté (subdivision ecclésiastique ayant son siège à Coutances). Pendant longtemps, l’abbaye Saint Paul de Cormery, dans le diocèse de Tours, nomma à la cure (c’est à dire qu’elle avait la responsabilité de la nomination du curé de la paroisse). Dans le XIIIème siècle, le patronage appartenait au comte d Boulogne, et, dans le siècle suivant à Jeanne de Bourgogne, reine de France et de Navarre. En épousant en 1307, Philippe IV de Valois, Jeanne de Bourgogne, héritière du domaine de Saint Sauveur Lendelin, dont Ancteville faisait partie, transmit ses biens et le patronage de l’église d’Ancteville aux rois de France. Un aussi prestigieux patronage explique peut être la qualité de certaines œuvres d’art conservées dans l’église.

 

Extérieur de l’église

 

La plan est d’une grande simplicité et n‘offre pas l’image traditionnelle de la croix. Accolé à la façade ouest, le porche, de style gothique flamboyant (début XVIème siècle) est construit en granite dans sa partie basse et en calcaire dans sa partie supérieure, efin de recevoir un décors sculpté : blason avec fleurs de lys, moulurations typiques du style flamboyant. Sous le porche est abritée une statue de saint André du XVIème siècle.

La nef semble remonter à l’époque romane (XIIème siècle ?) comme peuvent le montrer, dans le mur nord, quelques traces d’appareil disposé en arêtes de poisson (technique courantes dans les édifices normands des Xième et XIIème siècles) et le présence de petits moellons noyés dans le mortier. Cependant portes et fenêtres ont été reprises à des époques beaucoup plus modernes. Un curieux bénitier extérieur, près de la porte nord, est à remarquer.

Le chœur , vraisemblablement  d’origine gothique, a été repris à l’époque moderne (XIXème siècle ou début XXème siècle). La sacristie est elle aussi moderne.

 

Entre la nef et la chœur, du côté sud, s’élève la tour du clocher, du début XVIème siècle, coiffée du traditionnel toit à bâtière.

 

Intérieur de l’église

 

A l’intérieur, l’église est couverte d’un simple lambris, et l’architecture ne présente rien de remarquable. Par contre, le mobilier et la statuaire sont d’un réel intérêt.

 

Adossée au mur sud de la nef, une magnifique statue de Saint Pierre domine en qualité toutes les statues que conserve l’église. Cette œuvre en calcaire a gardé en grande partie sa polychromie d’origine, qui a été récemment ravivée. Son origine semble remonter à la première moitié du XVème siècle. Saint Pierre est assis sur un siège pliant (couramment appelé un dagobert). Vêtu d’un ample manteau aux plis tuyautés, retenu par une grosse broche carrée, il est coiffé de la tiare à triple couronne (dite encore trirègne, symbolisant les trois pouvoirs : impérial, royal et sacerdotal). Son visage est finement traité et, sous la barbe frisottée, laisse paraître des traits assez juvéniles qu’adoucissent encore des yeux étirés en amande (classé Monument Historique en 1998).

 

En face, une belle stature en calcaire de la Vierge à l’enfant, peut-être un peu plus ancienne que le Saint Pierre. Son drapé élaboré est l’œuvre d’un excellent atelier. Le déhanchement et le visage stéréotypé sont caractéristiques des productions du XIVème siècle et du début du XVème siècle. La polychromie bleu et jaune est moderne (XIXème siècle).

Au revers de la façade, au-dessus du portail, la statue de saint Etienne, d’un aspect populaire et naïf, est une pittoresque production locale du XVème siècle. Le saint tient une bible et une des pierres qui ont servi à sa lapidation.

Du côté sud de la nef, saint Roch (XVIème siècle) évoque les périodes de peste qui ont sévi dans la région, notamment en 1541 et en 1576. Ce saint était en fait invoqué pour protéger contre cette maladie. Saint Roch est accompagné par un ange et par un chien, dont il ne reste plus ici que l’arrière-train.

Au près de saint Roch, la statue de saint Méen, d’aspect très fruste, est particulièrement honorée ici. Près de l’église, en effet, dans le bas du cimetière, la fontaine saint Méen est réputée pour son eau qui, dit-on, a la vertu de guérir une maladie de peau caractérisée par une éruption purulente appelée « rifle » ou « psora).

Enfin, près du portail, les fonts baptismaux paraissent dater du XIVème siècle. La cuve décorée d’arcades trilobées et de trèfles repose sur une colonne centrale et quatre colonnettes secondaires (classés Monuments Historiques en 1908).

Signalons rapidement le maître-autel et son retable de style classique, probablement du début du XIXème siècle ; l’autel latéral et son retable, au côté nord de la nef, décoré d’un tableau du peintre coutançais Basile Quesnel représente la remise du chapelet à saint Dominique et à sainte Catherine de Sienne (1ère moitié XIXème siècle) ; un autre tableau représentant un saint évêque, signé Em. Quesnel, daté de 1839. La chaire néo-gothique date du XIXèmesiècle. Les vitraux sont du maître-verrier Lardeur (vers 1930) dont on peut voir encore des œuvres dans la nef de l’église de Montsurvent.

Trois épitaphes sont gravées sur les murs. Elles concernent Guillaume Onfroy et sa femme Jeanne Leboulleur (vers 1625) ; Ricart Juhel, Jaquette sa femme et leurs enfants (épitaphe placée en 1511) ; enfin Nicolas Onfroy mort le 20 août 1599.

 

A l’entour de l’église

 

L’ancien portail du cimetière, aujourd’hui surélevé par rapport à la route, comporte une grande arcade en plein cintre. Il peut dater du XVIème siècle ou du XVIIème siècle.

La fontaine Saint Méen, en bas du cimetière, dont l’eau a la réputation de guérir une maladie de peau appelée « rifle » ou « spora ». Cette fontaine, ainsique la statue de saint Méen dans l’église, sont encore honorées aujourd’hui.

La croix du cimetière (1821) est scultée d’un naïf christ crucifié.